ADO/VISEUX REGARDS CROISÉS 2008
Claude Viseux est né en 1927 à Champagne sur Oise.
Ado est né en 1936 à Yokohama.
Viseux a côtoyé Jean Prouvé, Roberto Matta, César…
Ado a côtoyé Fujita Tsuguji, Yokoo Tadanori, Kishin Shinoyama…
Viseux a côtoyé Ado.
Ado a côtoyé Viseux.
Ils se retrouvaient sur la Côte d’Azur,
Torses nus,
Assis sur un transat
un verre de Whisky à la main,
les cheveux dans le vent,
sourires de beaux gosses,
la peau couleur chocolat,
les yeux bleus de l’un,
noirs de l’autre
se croisent.
Ils parlent de crabes, de traces, d’hameçon, de formes…
Les pieds caressés par l’écume des vagues.
Ado peignait l’ombre et jouait avec des reflets,
Viseux fabriquait l’objet de l’ombre, assemblait un vocabulaire de masse.
Ils aimaient tout deux la mer, cet élément de naissance et de vie.
Ils s’inspiraient tous deux du monde de l’industrie et de la technologie.
L’un prélève de l’industrie lourde des soupapes, des rotules, des barres d’acier pour déformer et transformer. Façonner la sculpture.
L’autre choisissait des vis et pinces comme motif ou lightmotif.
Tous deux aimaient l’énergie des sphères. L’un joue avec des boules, billes et autres boulons, l’autre joue aux boules et cochonet et inscrit des signes géométriques dans sa toile.
Face à face,
Viseux et Ado se retrouvent aujourd’hui.
Regards croisés d’un éminent sculpteur français et d’un grand peintre japonais.
Un clin d’œil à cette année 2008 qui commémore les 150 ans de protocole entre la France et le Japon.
La galerie Les Modernistes opère la magie des retrouvailles entre Viseux le Français qui publie aujourd’hui une grande monographie, et Ado, qui du bout de l’Azur lui lance un « Kampai » .
Les œuvres d’Ado, empreintes de sérénité, de silence et d’espace, dispensent un apaisement. Un calme infini où l’aplat devient horizon immaculé. Signes d’épures géométriques, Ado ne laisse apparaître aucune trace du pinceau, inscrit des formes rendues à une simplification linéaire où ne subsiste que la perfection du cercle, parfois accompagnée de son semblable.
Le motif, là où il se situe, s’inscrit en réserve dans les cloisonnements invisibles tracés en pensée par une géométrie stricte. Un art tout de rigueur, s’exprimant à voix basse et ne tolérant aucune concession.
Ce qui, par excès de précision, par une netteté et une nudité presque inhumaines, passerait chez un autre pour de la sévérité, est ici calme, jamais absence. On ne se perd pas dans cet espace, on jouit du silence absolu.
Au voyageur de voyager. Au visiteur de raconter, disait-il.
Ado parlait à ses enfants de Hardware et de Software, de contenant et de contenu. De la machine et du media.
Les œuvres de Viseux témoignent aussi de l’époque, celle du machinisme, du boulon et de la roue. Viseux aborde l’univers technologique avec des structures composées d’éléments d’une intense puissance plastique. L’artiste invente de nouveaux volumes qu’il élance dans l’espace.
Viseux choisit l’acier inoxydable. Il désire éluder toutes les improvisations que le matériau pourrait concéder au hasard de ses altérations, La rigueur du métal poli et brillant créer l’unité.
Plusieurs voyages en Inde marquent profondément le sculpteur. De la fameuse série des « instables » ces structures toujours en équilibre dont la mobilité peut irriter au premier abord, que l’on goûte et apprécie avec le temps, succède un monde de lieux transformels, une série d’aplats de socles en laiton qui s’isolent du monde ambiant. Spiritualité ou signes hindou… Ces sculptures immergent le visiteur dans un silence infini.
Le vocabulaire géométrique d’Ado et Viseux, silence de l’un ou rugissement de l’autre, révèle un art tout de rigueur, l’art de la force et de la non-concession.
Les œuvres d’Ado se conjuguent avec celles de Viseux. Leur dépouillement et leur matière prolongent les volumes de Viseux.
Leurs ouvrages s’engagement et se reflètent, forment une monumentalité.
Les sculptures animées par la mouvance de la lumière s’inscrivent dans l’espace et les reflets des tableaux d’Ado.
Le sculpteur français et le peintre japonais composent l’équilibre de la rencontre.
Claude Viseux (1927-2008 )
L’activité de Claude Viseux est d’abord celle d’un adepte de la théorie de la pratique de tous les arts comme une aventure commune. Il pratique l’improvisation en jazz, entre à l’école des Beaux Arts en section architecture (il travaillera durant plusieurs années dans l’agence de Jean Prouvé) , débute dès 1950 les premiers assemblages en ciment et métaux divers. Peintre proche de l’abstraction lyrique, il réalise un ensemble de peintures cosmogoniques et expose notamment à New York à la galerie Castelli. À partir de 1960, la sculpture va peu à peu remplacer la peinture et toucher les formes et les sources d’inspiration les plus inattendues. Les assemblages d’os d’animaux divers, les empreintes directes dans le sable, la recherche sur les espèces évolutives, les articulations, les mécanismes anthropomorphes, la réalisation des structures à géométrie variables ; la confrontation des éléments structurés des mondes de l’aviation, de l’automobile et du balisage maritime. Parmi ses nombreuses expositions, on notera celles organisées au C.N.A.C. en 1969, au Pavillon français à la Biennale de Venise en 1972, ainsi que le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 1977.
ADO (1936-1995)
Ado débarque à Paris en 1962, après des études aux Beaux-Arts de Tokyo. Repéré dès 1962 à la Biennale de Paris, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre sa première grande exposition personnelle à l’A.R.C en 1971 : Les caractéristiques de son art sont déjà en place : oppositions de formes géométriques simples aux contours nets et précis, qui s’expriment en expansion sur une étendue plane et froide, mais que la densité de la couleur contribue à charger paradoxalement d’un contenu symbolique « chaud ».
Ses œuvres font partie des collections des plus grands musées.
ADO/VISEUX REGARDS CROISÉS
Exposition à la galerie Les Modernistes
2 rue Théophile Roussel 75012 Paris
Du 24 octobre au 24 novembre 2008
Vernissage le 24 octobre de midi à minuit
GOOD BYE VISEUX
Claude Viseux s’est éteint dimanche 9 novembre à l’âge de 81 ans. Le sculpteur avait acquis une reconnaissance nationale avec ses travaux surréalistes et sa prédilection pour le travail du métal. Claude Viseux appartient à la génération des principaux sculpteurs de la seconde moitié du X Xe siècle, qui, tels César, Féraud, Tinguely, ont opté pour le métal. Artiste “nomade” comme il se définissait lui-même, il a traversé les décennies, en côtoyant les plus grands parmi les musiciens, les architectes, les poètes, les peintres, et bien sûr les sculpteurs.
Il a rejoint Ado.
Nous vous invitons à redécouvrir ou découvrir l’oeuvre de Viseux dans l’exposition ADO/VISEUX REGARDS CROISÉS. La dernière exposition de Viseux de son vivant.
ENDING COCKTAIL JEUDI 20 NOVEMBRE 2008
18H00-21H00
GALERIE LES MODERNISTES
2 RUE THÉOPHILE ROUSSEL
75012 PARIS